La Guinée est devenue le premier pays d’Afrique subsaharienne à devenir indépendant de la France, après avoir voté «non» le 28 septembre 1958 au référendum instituant une «communauté» franco-africaine, proposée par le général de Gaulle.
A Conakry, capitale de ce qui n’est pas encore la Guinée, c’est le jeune maire et député (RDA, Rassemblement démocratique africain, apparenté PC) du territoire, Ahmed Sékou Touré, âgé de 36 ans, vêtu de son boubou blanc, signe de son africanité, qui s’oppose au vieux général, âgé de 67 ans, avec un discours fort: «Nous ne renoncerons pas et nous ne renoncerons jamais au droit légitime et naturel à l’indépendance.»
Le jeune leader guinéen croit en une «Afrique libre et décomplexée, anti-colonialiste, panafricaniste». Il lance à de Gaulle une phrase qui restera dans la légende politique du continent : «Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage.»
Ainsi, le 28 septembre, lors du référendum constitutionnel, tous les territoires d’Afrique votent «oui»… sauf un: la Guinée avec 95,2% des électeurs qui voteront «non». La Guinée proclame son indépendance le 2 octobre. Mais les conséquences sont rapides. La France se retire brutalement et France mène alors une guerre économique contre son ancienne colonie.
Finalement, les relations avec la France se normalisent dans le milieu des années 60. Sékou Touré restera au pouvoir jusqu’à sa mort en 1984. Son geste historique restera cependant terni par sa gestion dictatoriale du jeune État…